Comment en êtes-vous venu à vous intéresser aux canalisations souterraines ?
J'ai fait des études de mécanique de précision - aujourd'hui, on parle de mécatronique - et j'ai rejoint D.T.I., un bureau d'ingénieurs spécialisé dans la construction de machines spéciales, en 1990 à l'occasion d'un stage. À cette époque, l’entreprise travaillait au développement d'une machine capable de fraiser des parties saillantes de branchements domestiques dans des tuyaux de 150 à 300 mm de diamètre. Le but était de pouvoir y faire passer une caméra d'inspection. J'ai été chargé de tester et d'améliorer le prototype.
Comment avez-vous trouvé votre première idée?
Même si le prototype a été accepté par le client, son utilisation était compliquée. Pour mon projet de fin d’études, j'ai eu l'idée d'un robot de fraisage. Ce produit a été développé chez D.T.I. et les premiers robots pour la réparation de canalisations ont vu le jour. En 2000, avec le directeur des ventes de l’entreprise que nous cogérions, nous avons racheté le département de robotique de canalisations de D.T.I.
D'où venaient vos premiers clients ?
Principalement d'Allemagne, de France et de Suisse. Dans ces pays, la réhabilitation des canalisations sans tranchée s'est imposée très tôt. À l'époque, nous n'avions qu'un seul concurrent en Suisse. Comme le marché est plutôt restreint, nous nous sommes rapidement fait connaître dans le monde entier, si bien que nous avons assez vite pu exporter vers l'Asie et les États-Unis. Le fait de pouvoir travailler dans les égouts sans avoir à ouvrir la route est un argument de vente imbattable. Cela économise beaucoup de temps et d'argent et la circulation n'est pas interrompue.
Dans quel état sont, selon vous, les réseaux d’égouts en Allemagne et dans le monde ?
Le réseau d’égouts allemand est long d’environ 600 000 kilomètres. Selon nos estimations, 18 pour cent d'entre eux doivent être réhabilités ou remplacés à court terme. Je suppose que la situation est identique voire pire, dans d'autres pays.
Quels sont les défis et les tendances en matière de robotique pour canalisations ?
Les machines et les appareils qui travaillent dans les égouts ont besoin d'une technique robuste et durable dans un espace très réduit. Des solutions standard ne suffisent généralement pas, c'est pourquoi nous développons nous-mêmes la plupart des composants. Pour ce qui est de l'utilisation, nous nous attendons à une pénurie croissante de personnel qualifié. L'idée est donc de remplacer la personne par une solution intelligente qui fonctionne sans formation spécialisée. La tendance est au déplacement automatique vers l'endroit endommagé et à la réparation automatique.
Comment en êtes-vous venu à faire intervenir FAULHABER ?
Si vous avez besoin d'une grande puissance dans un petit volume, il vous faut des moteurs adaptés. La gamme de produits de FAULHABER comprend des moteurs qui répondent à toutes nos exigences, notamment pour l'entraînement du robot qui doit tirer un câble très lourd ou pour l'essuie-glace miniature d'une petite caméra.
Comment avez-vous choisi entre un entraînement hydraulique ou électrique ?
Les entraînements hydrauliques sont très robustes, mais leur rendement est limité, il ne suffit en particulier pas toujours pour nos applications. À cela s'ajoutent les nuisances sonores et les gaz d'échappement générés par le générateur et le groupe hydraulique. Nous voulons éviter cela, surtout lors de travaux dans les centres-villes et les zones résidentielles. Avec des entraînements électriques et des batteries, nous pouvons faire fonctionner les systèmes robotiques sans émissions et pratiquement sans bruit.
Quelles technologies d'entraînement joueront un rôle à l’avenir ?
Jusqu'à présent, nous utilisions principalement des entraînements avec balais, car les possibilités de commande adaptées aux entraînements sans balais dans nos machines n’étaient pas encore disponibles lors de la conception. Comme on ne peut pas le contrôler via un câble d'alimentation long de 150 mètres, le contrôleur doit être placé directement sur le moteur. Notre technologie la plus récente fonctionne avec un bus CAN qui permet également de commander des moteurs sans balais. La tendance est à la technologie avec bus et à l'entraînement sans balais. Les moteurs sans balais sont moins sujets à l'usure et ils peuvent être contrôlés et programmés.
Quelles améliorations aimeriez-vous voir venir en termes de technologie d'entraînement ?
Nos priorités absolues sont un faible encombrement et une haute densité de puissance, tant pour le moteur que pour l'électronique. Bien entendu, cela va de pair avec robustesse et longévité.
Quels sont les atouts particuliers de Pipetronics ?
Notre compétence principale réside dans le développement et la fabrication de systèmes robotisés. Notre savoir-faire s'appuie sur des décennies d'expérience. Cela vaut également pour l'équipement des véhicules et la construction de générateurs. Nous proposons en outre au marché et aux utilisateurs d'autres produits innovants, par exemple pour la réparation ponctuelle avec de la résine synthétique. Enfin, nous investissons continuellement des sommes importantes dans de nouveaux développements.
Qu’est-ce qui vous distingue de vos concurrents ?
Grâce à notre technologie, nous sommes très flexibles et, si besoin, nous sommes capables d'intégrer facilement options spécifiques dans des produits de série.
Vous voyez-vous au-delà du marché des égouts ?
La réhabilitation des égouts est clairement notre activité principale. Mais la technique peut en principe être utilisée pour la rénovation sans tranchée de conduites d'eau potable. On peut aussi imaginer l'utiliser dans d'autres systèmes de canalisations, par exemple pour l'industrie chimique ou pour l'inspection de conduites de gaz, de citernes ou de réservoirs sous pression.
Est-il, d'après vous, possible qu'un jour, des robots humanoïdes ouvrent la plaque d'égout et y descendent ?
En théorie, presque tout est possible. Mais une telle technique serait extrêmement complexe et coûteuse. Il existe des solutions plus simples qui sont plus efficaces à tous points de vue.
Pensez-vous que des « robots volants » ou des drones sont aussi envisageables pour les canaux ?
Ces types de machines ont déjà été testés avec succès pour des travaux d'inspection. Mais je ne pense pas que ce soit une bonne idée pour les réparations.